La peinture à l’encaustique
C' est certainement la plus ancienne et la plus fiable des techniques de peinture sur panneaux. Cela est sûrement dû à l’extrême simplicité des éléments de base qui la composent : du pigment et de la cire.
La cire est un matériau naturel très stable, solide à température ambiante mais qui devient liquide quand on le chauffe un peu. Cette particularité en a fait le matériau idéal pour les peintres à une époque où les diluants à peinture n’existaient pas encore.
Longtemps abandonnée pour d’autres procédés plus modernes comme l’huile, il est Aujourd’hui très agréable de retrouver cette technique primitive pour la grande originalité de sa matière profonde et mystérieuse.
Un peu d’histoire…
L’utilisation de la peinture à l’encaustique remonte à la plus haute antiquité. C’est certainement la technique de peinture sur panneaux la plus ancienne. Elle fut élaborée et améliorée peu à peu par les égyptiens, les grecs et les romains pour aboutir à une grande maîtrise du modelé comme on peut le voir dans les fameux portraits du Fayoum de l’Egypte chrétienne exposés au musée du Louvre (voir ci-contre une copie personnelle de l’un de ces portraits datant du 3ème siècle après J.C.).
De la cire pour peindre les navire puis les statues…
A l’origine la cire était surtout utilisée pour ses bonnes qualités de résistance en milieu humide. Elle était fortement appréciée pour la peinture des vaisseaux aussi bien par les Egyptiens que par les Grecs. Puis, vers le 5ème siècle avant J.C., ce sont toutes les statues de marbre qui sont peintes de couleurs à la cire qui, en protégeant le marbre de l’atmosphère, lui évite de se transformer peu à peu en plâtre. Il ne faut donc pas s’imaginer les statues de l’antiquité grecque ou romaine dans leur linceul tout blanc comme on peut les voir dans nos musées; mais au contraire couvertes d’une éclatante parure de couleurs vives.

De la cire pour faire les portraits de riches familles…
Puis peu à peu, la technique de la cire s’applique à des panneaux portatifs en bois qui procurèrent la célébrité à ses artisans soucieux de faire le portrait de leurs riches commanditaires prétentieux. C’est ainsi que le nom du fameux peintre antique Protogène nous est parvenu. Les premiers siècles après J.C. ont donc vu s’étendre cette technique sur pannaux. On retrouvera dans les ruines de Pompéi de nombreux outils de peintre, de véritables « mallettes » d’encauste (encauste étant le nom que l’on donnait à ces peintres). Mais il ne reste que peu de traces de ces petites œuvres portatives, malmenées par l’histoire, dont le summum sera, comme je l’ai dit plus haut, les portraits mortuaires égyptiens de l’oasis du Fayoum.

Les premières icônes…
Ensuite se seront les peintres Chrétiens qui utiliseront la cire pour la réalisation d’icônes, notamment sous l’influence de Constantin, puis dans les premiers monastères des Balkans. Cette pratique de l’encaustique sera peu à peu abandonnée à partir du 9ème siècle pour être remplacée par la tempéra à l’œuf qui est bien plus simple à mettre en œuvre : il n’y a pas besoins de maintenir une « chaîne du chaud » pour liquéfier la peinture !

La perte du savoir…
Les connaissances techniques de la peinture à la cire disparaîtront complètement dans les monastères du moyen âge jusqu’au 19ème siècle ou quelques chercheurs, dont Cros et Henry, ressusciteront en partie les mystères oubliés de la pratique de la cire.

Le renouveau de l’encaustique…
Mais c’est surtout le 20ème siècle et son bouillonnant besoin de nouveautés qui redonnera envie aux peintres de s’intéresser de nouveau à la cire. Le plus inventif (il fallait bien tout réinventer) sera sans doute le surréaliste Victor Brauner dont les œuvres magiques, profondes et mystérieuses correspondent parfaitement à cette matière picturale à la fois dense et d’une grande présence très mystérieuse.
La technique ancienne…

La pratique de la peinture à la cire dans l’antiquité était l’affaire des encaustes (un terme dérivant du mot « cautère » qui signifie brûler). Bien souvent ces peintres étaient avant tout de bons artisans ayant pratiqué la peinture décorative à la cire (notamment la peinture des navires) durant de longues années avant de s’attaquer à l’art de travailler de petits panneaux portatifs. C’est important à signaler car cela montre que la pratique de l’encaustique fut avant tout élaborée par des artisans soucieux d’élaborer une technique fiable avec des matériaux solides. Les artisans, bien plus que les artistes sont des « maîtres de la matière ».